Des élus et des professionnels du département promeuvent un projet de filière de production de cannabis thérapeutique.
Le 22 juin prochain, lors des Etats généraux de la revitalisation de la Creuse, un projet qui agite le microcosme politique local depuis trois mois sera évoqué. Présenté à sa création comme une plaisanterie, ou comme un coup médiatique, par ses détracteurs, il repose sur une volonté de dynamisation du territoire à travers la naissance d’une véritable filière départementale de culture de cannabis médicinal. Son « inventeur », le président de l’agglomération du Grand-Guéret et conseiller régional Eric Correia, y voit une chance de développement économique pour une Creuse en voie de désertification, qui recense 118.000 habitants et 12 % de taux moyen de chômage. C’est aussi une réponse à la main tendue par Emmanuel Macron au territoire en octobre dernier.
Retombées financières
Bien que le dossier manque pour le moment de précision – on évoque 300.000 consommateurs potentiels d’un médicament possible, entre 500 et 1.000 emplois directs créés, des retombées financières en millions d’euros par an -, ses porteurs sont en train de le compléter. Un lobby citoyen a été créé, sous le nom de « NormL », soutenu par des élus locaux, tel le député LREM Jean-Baptiste Moreau, ainsi que des professionnels de santé et des agriculteurs. Une première réunion publique, organisée le 22 mai dernier à Guéret, a rassemblé deux cents personnes intéressées par le processus. Y ont été détaillés les bienfaits de ce produit médicinal tiré du chanvre, notamment contre les céphalées, les tremblements, dans le traitement de la sclérose en plaques, etc.
« Nous avons des partenaires solides, comme un laboratoire suisse et des chanvriers, très intéressés, affirme Eric Correia. Nous avons également un savoir-faire en matière de culture du chanvre industriel, qui se pratique en Creuse depuis plusieurs siècles. Notre objectif n’est pas de dépénaliser le cannabis en tant que drogue, mais de nous servir d’un de ses composants pour soulager la souffrance des malades. Nous souhaitons la création d’une agence publique de contrôle pour l’encadrer et nous rappelons que, dans cette affaire, tout le financement viendra du privé… »
Porte entrouverte
Alors qu’une quarantaine de pays, dont l’Italie, l’Espagne ou les USA, ont autorisé la culture et la commercialisation de cette plante, la France reste pour le moment sur ses positions d’interdiction. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a cependant entrouvert une porte, donnant des espoirs aux Creusois : en mai dernier, elle a annoncé avoir demandé aux institutions chargées de l’évaluation des médicaments de lui faire remonter l’état des connaissances sur le sujet.