article source : https://www.pleinchamp.com/actualites-generales/actualites/l-agriculture-est-elle-encore-une-cause-nationale

Les 20ème rencontres organisées par Farre avait pour thème l’agriculture une cause nationale. L’occasion de s’interroger sur les moyens mis en place pour redonner de la valeur aux producteurs. Cet événement avait lieu pour la première fois à l’Assemblée nationale.

Suite à l’adoption en première lecture à l’Assemblée nationale, le projet de loi agriculture et alimentation va donner un nouveau cadre. Même s’il doit encore passer au Sénat, de grandes lignes se distinguent pour redonner de la valeur aux producteurs : plus de local et une montée en gamme. Pour Jean-Baptiste Moreau, éleveur, député de la Creuse et rapporteur du projet de loi, monter en gamme est une nécessité. « Si on veut préserver notre modèle d’agriculture, on ne peut pas se battre dans la course au prix bas et à la qualité moyenne. Sinon c’est perdu d’avance. » 

Pour Guillaume Garot, ancien ministre délégué à l’agroalimentaire, c’est par la qualité que l’on pourra réussir à augmenter les revenus des agriculteurs. Partout dans le monde, les produits français sont vus comme des « produits d’excellence.» Pour ne pas se faire distancer, « il faut poursuivre cette montée en gamme continue. » Constat partagé par le patron de Rungis, Stéphane Layani, pour qui « les français sont prêts à payer la qualité » mais il faut être capable « de raconter une histoire sur les produits. » 

Pour le rapporteur de la loi, l’urgence est de changer de discours : « produire ça ne coûte pas rien et manger ça ne coûte pas rien ! » Et pour l’éleveur, cette bataille se gagnera dans les écoles en étant beaucoup plus « volontariste » sur l’éducation à l’alimentation. Cette communication peut également se faire par le biais des circuits courts. Il faudra tout de même préciser le périmètre d’un circuit court. La définition européenne : « un circuits court ce n’est pas plus d’un intermédiaire (…) donc Rungis est un circuit court » ironise Stéphane Layani.

5

Producteur d’aliment, d’environnement et de santé

Pour Dominique Potier, il y a trois formes de rémunération « par le prix du produit, par les aides publiques et enfin, par l’estime de soi. » Pour le député de la Meurthe-et-Moselle, cette dernière va devenir « le moteur de demain » et cette reconnaissance passera par une cohérence avec l’environnement. Il est vrai que rémunérer les agriculteurs en fonction de leurs actions pour l’environnement et la biodiversité est une idée qui revient souvent. Il existe pourtant un système de subvention de ces activités, la Politique Agricole Commune (PAC), plus particulièrement par le biais du second piller. Pourtant, « en France c’est très compliqué d’accéder aux aides du pilier II contrairement à d’autres pays comme la Hollande » raconte Benoît Collard, agriculteur dans la Marne.

Mais c’est un point de vigilance pour Dominique Potier, cette transition ne se fera ni par une « suradministration », ni par une « marchandisation » et d’insister « c’est deux impasses absolues. » Mais surtout « éviter un découplage entre l’acte de production et l’engagement pour l’environnement. Ca serait mortel pour la profession ! »  Pour Dominique Potier, être agriculteur c’est être « producteur d’aliment, d’environnement et de santé » et pour le valoriser il faut créer un label et un seul, qui deviendrait un outil de la PAC, comme par exemple HVE3 (haute valeur environnementale). Il faudra être vigilant à ne pas l’opposer avec le label « AB » (agriculture biologique). Le député de la Meurthe-et-Moselle souhaite une véritable ambition sur la problématique environnementale et surtout qu’on ne prenne pas « le sujet par le petit bout de la lorgnette. »

Publié par ANNE SOPHIE LESAGE