« Nous ne souhaitons pas qu’il y ait de la concurrence entre les différents territoires. C’est ce qu’il va se passer si seules les zones autour de La Souterraine et Guéret sont éligibles aux dispositifs d’aide à l’installation », explique Vincent Turpinat, maire de Jarnages et responsable du groupe de travail dédié à la santé dans le cadre du Plan particulier pour la Creuse.
L’élu était présent le 16 mai dernier, dans les locaux guérétois de l’ARS (Agence régionale de santé), quand le projet de nouvelle carte du zonage des médecins généralistes libéraux a été présenté. « L’ancien zonage n’était pas satisfaisant. Nous pensions qu’avec le nouveau, toute la Creuse serait traitée de la même façon », ajoute Vincent Turpinat.
Santé en Creuse : les patients en mal de spécialistes (2018)
L’ensemble du département de la Creuse est classé en zone fragile (en jaune sur la carte de l’ARS), ce qui permet aux médecins de bénéficier d’aides, notamment le contrat de praticien territorial de médecine générale. Les zones déficitaires ou sous-denses (en orange) peuvent bénéficier d’aides supplémentaires de l’Assurance maladie, notamment un contrat d’aide à l’installation, qui prévoit le versement de 50.000 euros en deux fois pour l’arrivée d’un médecin. Auparavant, quinze communes creusoises étaient classées en zones déficitaires. Le projet de nouveau zonage prévoit uniquement deux secteurs : les bassins de vie de Guéret et La Souterraine.
Une « catastrophe » en terme d’attractivité
« C’est une catastrophe en terme d’attractivité », déplore Cyril Victor, maire de Gouzon et conseiller régional, qui aurait voulu que toute la Creuse soit logée à la même enseigne. Il ajoute : « On peut faire tous les efforts que l’on veut en terme d’attractivité du territoire, si on ne peut pas se faire soigner… Même si ce zonage ne règle pas tout ».
L’agglomération de Guéret compte 23 médecins généralistes, mais dans cinq ans ? (2017)
Vincent Turpinat ne décolère pas : « On va envoyer un signal détestable. Les endroits où il y a le plus de problèmes, où les indicateurs de santé sont catastrophiques, comme le sud et le sud-est du département, notamment Auzances et Aubusson, sont ceux qui seraient les plus défavorisés. On condamne ces territoires. Il y a une logique qu’on n’arrive pas à percevoir ! »
Valérie Godard, la directrice de la délégation de la Creuse de l’ARS, explique qu’il est impossible de classer toute la Creuse en zone orange.
Les élus ont rédigé un courrier
Les élus creusois, toutes tendances confondues, veulent monter au créneau pour que l’ARS « revoit sa copie ». Ils ont rédigé un courrier et souhaitent rencontrer « en urgence » Michel Laforcade, le directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine.
« L’idée n’est pas d’enlever à Guéret et de mettre à Auzances. Il faut que tout le territoire ait le même type d’aides, insiste Vincent Turpinat. Nous voudrions laisser le choix d’installation, que ça ne soit pas l’argent qui arbitre. »
En Creuse, Gouzon doit trouver un médecin généraliste d’ici l’été (2017)
Michel Vergnier, qui préside l’association des maires de la Creuse, s’associe à cette initiative. « Je préfère que les choses se fassent dans la concertation, indique-t-il. Je travaille avec le directeur général de l’ARS, Michel Laforcade, d’une manière très franche. Je propose qu’on lui écrive et qu’on le voit. »
« Nous ne pouvons pas accepter cette carte telle qu’elle est présentée, martèle Vincent Turpinat. Cela va à l’encontre du plan de revitalisation que nous essayons de mettre en place. » Les élus ont d’ailleurs alerté Philippe Ramon, qui a rejoint la préfecture de la Creuse pour diriger le Plan particulier pour la Creuse.
Catherine Perrot
Les différents niveaux d’aides
Il y a plusieurs couleurs sur la carte définie par l’ARS. – Gris : on considère qu’il n’y a pas besoin de davantage de médecins. – Jaune : il manque des médecins (zone fragile). Certaines aides sont possibles notamment celles du Pacte territorial santé (PTS), avec par exemple le contrat de praticien territorial de médecine générale (PTMG) qui offre aux médecins qui s’installent une garantie de revenus de 6.900 € bruts par mois et une protection sociale améliorée. – Orange et rouge : il manque énormément de médecins (zone déficitaire). En plus des aides offertes en zone jaune, les territoires sont éligibles aux aides de l’Assurance maladie, par exemple le contrat d’aide à l’installation des médecins (versement de 50.000 € en deux fois).