En Limousin, Guéret est la seconde commune – après Tulle il y a deux ans – à signer cette charte d’engagement vers une alimentation bio, locale et de qualité en Nouvelle-Aquitaine (1). « Cette charte encourage la Ville de Guéret à acheter 20 % minimum de produits bio pour approvisionner la cuisine centrale et la restauration collective », explique Véronique Baillon, coordinatrice de l’antenne Limoges de l’association Interbio Nouvelle-Aquitaine, l’autre signataire de la charte.
Passer de 10 à 20 % de produits bio
Aujourd’hui, Guéret s’approvisionne à hauteur de 10 % en produits issus de l’agriculture biologique pour sa cuisine centrale. D’ici la rentrée 2019, elle pourrait ainsi doubler ce taux et prétendre au label « Territoire bio engagé ». Le maire, Michel Vergnier, ainsi que Jean-Bernard Damiens, en charge notamment du développement durable et de l’Agenda 21, sont particulièrement enthousiastes. « Je suis intimement persuadé que l’avenir est vers ce type de production, de qualité, bio et locale, confie Michel Vergnier. Cette charte correspond bien à notre philosophie, à la logique que l’on poursuit depuis quelques années. Plus nos enfants mangent de produits sécurisés, mieux ils se portent », ajoutant qu’il ne souhaite pas aborder la problématique du prix, « parce que ça ne doit pas en être une, sinon on ne fait rien ».
« Plus nos enfants mangent de produits sécurisés, mieux ils se portent »
Le cercle vertueux pourrait bien être parfait à Guéret puisque cette volonté d’augmenter la part du bio s’accompagne d’un souci de s’approvisionner localement, « ce qui n’est pas le cas de toutes les collectivités » précise Interbio Nouvelle-Aquitaine. Bien sûr, pour assurer 1.100 couverts par jour, il faut aussi que l’approvisionnement en bio suive localement. L’idée, par effet mécanique, c’est aussi de booster la production locale bio par la demande des collectivités. « Plus qu’à l’échelle d’une commune, c’est une dynamique départementale à mettre en place », souhaiterait Jean-Bernard Damiens. D’autant que l’autre pendant de cette charte, c’est d’atteindre 8,5 % de surface agricole utile en bio sur le territoire de la commune.
« C’est très important que la plus grosse collectivité du territoire prenne ce type d’engagement parce qu’elle sert d’exemple aux autres communes qui s’imaginent que c’est difficile », se réjouit Véronique Baillon. L’impulsion est donc donnée et « là où il y a une volonté, se plaît à dire Michel Vergnier, il y a un chemin ».
Quel sera le rôle d’Interbio Nouvelle-Aquitaine??
L’accompagnement d’Interbio Nouvelle-Aquitaine se déploie du diagnostic de fonctionnement actuel au plan d’action en passant par le conseil sur la construction d’un cahier des charges pour les marchés publics et les orientations sur les possibilités d’approvisionnement. Une aide précieuse qui permet aux collectivités de dépasser les éventuelles appréhensions face à ce changement qui leur apparaît parfois insurmontable.
« C’est une multitude de petites solutions qui permettent de faire des économies que la collectivité peut ensuite réinjecter dans l’achat de produits bio »
« Nous allons accompagner la collectivité sur ses pratiques d’achat mais également ses conceptions de menus pour pouvoir atteindre ces 20 % d’achat en bio », précise Véronique Baillon. En effet, maîtriser les coûts de cette conversion en bio passe notamment par un travail sur le gaspillage, sur le remplacement de certains produits très travaillés et donc onéreux, sur le rééquilibrage des protéines végétales et animales… « C’est une multitude de petites solutions qui permettent de faire des économies que la collectivité peut ensuite réinjecter dans l’achat de produits bio », ajoute Véronique Baillon. Aujourd’hui en Nouvelle-Aquitaine, une dizaine de collectivités sont arrivées de manière durable à 30 % de bio, voire parfois plus, dans leur approvisionnement et cela à prix constant.
Julie Ho Hoa