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Quel visage aura l’agriculture de demain ? La robotisation étant déjà en marche, la suite logique serait d’appliquer l’intelligence artificielle à l’agriculture. Avantages et limites d’une révolution déjà en marche.

Quand les machines et robots seront-ils capables de remplacer les exploitants agricoles grâce à l’intelligence artificielle ? Jamais. En revanche, accompagner l’exploitant dans sa prise de décision, c’est pour bientôt. Mais il reste encore du chemin. L’intelligence artificielle ou IA, consiste à permettre aux machines d’imiter une forme d’intelligence réelle. Et la première étape consiste à collecter des données. Premier frein.

Pour Jérémie Wainstain, co-fondateur de The Green Data, « dans le domaine agricole, les données sont difficiles à collecter car elles sont un peu partout » à la coopérative, à la banque, chez le collecteur… Pourtant ces datas seraient très utiles pour accompagner l’exploitant dans sa prise de décisions.

Valeur

Pour Cédric Villani, mathématicien, député LREM et auteur du rapport au gouvernement sur l’intelligence artificielle appliquée à l’agriculture, « l’IA a connu un tournant historique dans les années 70/80, quand nous sommes passés de la méthode maligne, basée sur les causes et les conséquences, à la nouvelle vague, dans les années 90, basée sur des exemples. (Dans cette seconde méthode, ndlr) on laisse l’algorithme apprendre pourquoi cela fonctionne ou pas. » Pour lui l’avenir de l’IA consistera à « combiner les deux. »

Jean-Baptiste Moreau, agriculteur et député LREM, « l’IA est une grande chance pour l’agriculture. Cela peut être très utile pour la prédictivité des modèles. » Mais pour que ces datas deviennent intéressantes, il est important de « jouer collectif ». Jean-Baptiste Moreau qui était également rapporteur du projet de loi issu des Etats généraux de l’alimentation insiste « s’il y a création de valeur, il faudra qu’il y ait une équitable répartition, pas comme c’est le cas depuis 40 ans dans le monde agricole. » Mais pour le député LREM, la problématique économique est secondaire, si la donnée permet d’améliorer les productions.

Souveraineté

Le partage de la valeur est, en effet, une première limite de l’IA. « Aujourd’hui je donne déjà beaucoup de données à tout le monde et finalement j’ai l’impression d’avoir donné le pouvoir. Si un jour il y a monétisation de la donnée, il faudra rétribuer » insiste Emmanuel Vauquelin, producteur de pommes de terres dans l’Eure (27). « Il faut faire comprendre aux agriculteurs qu’ils ont tout à y gagner » autant pour une rétribution de valeur que pour y gagner en performances des exploitations précise Jean-Baptiste Moreau. Il insiste « il ne faut jamais perdre de vue l’intérêt de l’ensemble de la filière et non les intérêts de certains. »

Reste la question de la souveraineté numérique. C’est un sujet d’inquiétude pour Emmanuel Vauquelin. L’agriculteur reste-t-il propriétaire de la donnée ? Si les données sont stockées dans un autre pays et qu’il y a conflit, comment récupérer ses données ? Et comment être sûr que ces données ne seront pas mal utilisées ? La RGPD1, est une première réponse à la protection des données personnelles.

Pour Cédric Villani « il nous faut du stockage » et de préférence européen ! C’est tout l’objet d’un « Buy European Act » faisant écho au « Buy American Act ». Au programme du candidat Macron, cela permettrait de réserver l’accès aux marchés publics européens aux entreprises qui localisent au moins 50% de leur production en Europe. Dans le cas de la donnée, si Emmanuel Macron arrive à transformer l’essai en Europe, cela permettra de sélectionner un acteur européen pour stocker la data. Plus sécurisant pour les agriculteurs, émetteurs de données.

RGPD1 : Règlement général sur la protection des données. C’est une nouvelle réglementation européenne, entrée en vigueur fin mai 2018.

Publié par ANNE SOPHIE LESAGE