?J’ai interrogé aujourd’hui notre Premier Ministre Édouard Philippependant la séance de questions au Gouvernement?:

Au moment où certains prônent le repli sur soi, je voudrais saluer le travail coordonné du Président de la République, de notre ministre de l’Agriculture et le vôtre Monsieur le Premier Ministre, qui a conduit hier à la signature d’un accord qui va permettre à notre agriculture d’exporter à nouveau de la viande bovine en Chine.

Alors que la consommation de viande de bœuf chute en France, elle est en plein essor en Chine avec une forte demande de la classe moyenne.

L’ouverture au monde n’est pas un danger. Les exportations agroalimentaires ont longtemps été un des fers de lance de notre balance commerciale mais aujourd’hui ce n’est plus le cas.

Les exportations doivent redevenir une force afin de tirer les revenus de nos agriculteurs vers le haut dans la logique de ce qui a été discuté lors des Etats Généraux de l’alimentation et dans la loi qui en a découlé.

Nos concurrents ont un modèle agricole basé sur une logique intensive et productiviste, adaptée aux fermes de taille gigantesque. C’est très loin de notre modèle français et européen d’agriculture familiale.

Il est irresponsable de dire qu’en réduisant les charges sur nos exploitations, elles pourraient être concurrentielles sur le même type de produit, et j’insiste, sur le même type de produit, avec les anciennes Kolkhozes de 10 000 ha ukrainiennes ou les feedlots américains de 10 000 têtes.

C’est pourquoi la France doit toujours être à la pointe et miser sur le développement d’une filière viande bovine de très haute qualité, ambassadrice de notre agriculture et de notre gastronomie d’excellence. Mais la montée en gamme s’est faite aussi chez nos concurrents, c’est pourquoi l’agriculture française ne doit pas se reposer sur ses lauriers.

Les acteurs doivent organiser leur stratégie export collectivement au sein de la plateforme France Viande Export lancée en octobre 2015. Il est nécessaire de porter une stratégie offensive pour valoriser nos filières et l’origine France.

Cependant, il est irréaliste de demander à ce que l’agriculture française renforce ses exportations sans en contrepartie ouvrir nos frontières aux importations. Nous avons en France et en Europe les normes de production sociales, sanitaires et environnementales les plus élevées au monde et il est fondamental que tout nouvel accord commercial préserve ce modèle.

Les Français sont fiers de leurs agriculteurs. La qualité de notre production et de notre alimentation est enviée partout dans le monde mais aujourd’hui les attentes et les enjeux sont grands. Si nous continuons à vendre en France ou à l’export des produits agricoles à prix bas nettement en dessous de leurs coûts de production, notre modèle agricole spécifique est condamné et c’est l’économie et l’environnement de nos territoires et de notre pays qui y perdront.

Ma question, Monsieur le Premier Ministre, est donc la suivante : comment voyez-vous concrètement cette ouverture sur le marché chinois de la viande bovine ? Quelles sont les opportunités pour l’élevage français ? Quel est le délai avant que les premières viandes pénètrent le marché chinois ?