Le 17 octobre, le président de la République a promis aux élus Creusois un plan spécifique pour redynamiser le département. Ce vendredi, celui qui doit diriger le projet, Philippe Ramon a précisé ce que sera son rôle.

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Article d’Eric DONZé de La Montagne

D’une promesse de faire à une promesse de ne pas être.

Entre le 17 octobre et ce vendredi, les élus creusois ont eu l’engagement du Président de la République de bénéficier d’un plan spécifique de redynamisation de la Creuse. Ce vendredi, celui qui va diriger ce plan, Philippe Ramon, a déjà mis les points sur les « i » lors de sa présentation à la presse : « Je ne suis pas le Père Noël ».

Ce Père Noël que n’était déjà pas Emmanuel Macron lorsqu’il affronta les GM & S à Bellac en juin 2017. Et qui rappelle que ce plan vient de là, des GM & S, de la manifestation de soutien qui emmena les élus creusois sous les lacrymogènes d’Égletons, le 4 octobre. Treize jours plus tard ils étaient reçus – comme une manière d’excuse – à l’Élysée et se voyaient tenir cette promesse par le Président de la République.

Revitalisation de la Creuse : ce que le département propose à Macron (décembre 2017)

« Jamais un plan pour la Creuse n’avait été porté  par un Président  de la République »

PHILIPPE CHOPIN (préfet de la Creuse)

L’arrivée de Philippe Ramon en est la concrétisation en chair et en os. Son rôle ? Directeur de projet du Plan particulier pour la Creuse. Une fonction qui existe ailleurs et pour d’autres projets. Des plans particuliers, il en existe aussi ailleurs, dans la Nièvre notamment. En revanche, ce qui est unique, c’est l’installation dans le territoire concerné du directeur de projet du plan particulier devant le redynamiser. « Il faut que les Creusois se rendent compte que jamais un plan pour la Creuse n’a été porté par un président de la République, souligne le préfet Philippe Chopin. C’est dire si la fenêtre de tir est importante ». C’est donc bien auprès de l’Élysée, et de Matignon, que Philippe Ramon va rendre des comptes tout en parcourant tous les ministères et administrations centrales.

Mais que va-t-il faire ? Quel est son rôle ? Quel est ce plan de l’État pour la Creuse ? « Ce n’est pas le plan de l’État, corrige-t-il d’emblée, c’est celui des élus de la Creuse ». À la racine, il y a cet appel à idées de la fin de l’année… venues du Département, des parlementaires, des Com-com et de partout, Philippe Ramon les a toutes recensées. Une soixantaine l’intéresse en premier jet.

Un plan pour quoi faire ?

Mais cela ne fait pas encore un plan. Ce dernier sera co-construit, tant dans ses objectifs – qui reste à définir – que dans ses projets. Le premier jalon étant fixé au 23 mars lors d’un séminaire entre le directeur de projet et des élus de la Creuse. Les grandes questions y seront posées : un plan mais pour quoi faire ? Quel(s) objectif(s) ? Avec quelles priorités, quels axes structurants ? Et… avec quels moyens. C’est là que le Père Noël qu’il n’est pas jette sa houppelande : il n’a pas d’enveloppe spécifique, mais une réelle compétence – voir sa bio ci-contre – pour aller puiser dans celles qui existent. Notamment, mais pas que, les fonds européens et les crédits non-consommés Massif Central et autres.

Coupe-file pour la Creuse

Il a aussi un joker, une sorte de “coupe-file” (mais il n’aime pas le terme) qui lui permet de passer en premier dans tous les ministères. « Disons que si un dossier arrive avec le mot “Creuse”, il bénéficiera d’une attention bienveillante, d’un coup de pouce », illustre-t-il. Voilà qui devrait faire des jaloux.

Donc, s’il n’a pas de sous à distribuer, il a les moyens de faire ou plutôt de faire-faire. Mais pas n’importe quoi. Pas une liste de courses ou un inventaire à la Prévert que lui enverraient les élus en mal de préaux d’écoles ou de trottoir à refaire.

« Mon rôle, décrit Philippe Ramon, c’est de définir une ambition commune avec les élus, de veiller à ce qu’elle corresponde aux priorités du gouvernement, de mesurer sa pertinence, d’aider à la faire réaliser et d’évaluer ses effets ».

Et l’homme est prêt à tout entendre. Ainsi, quand il voit la proposition de faire de toute la Creuse une zone franche fiscale (exonération pour toutes les entreprises), il sait que cela nécessite un texte de loi. Pourtant, il ne jette pas l’idée à la corbeille.

Quelles autres idées, d’ailleurs, ont retenu son attention : « Je vois déjà deux priorités qui semblent émerger : la santé et le numérique ».

Une troisième priorité, plus transversale, est convoquée par le directeur de projet : « Que les élus soient unis autour ce Plan, de cette ambition ». Peut-être pas le plus facile.

Parcours. Originaire des Bouches-du-Rhône, ce que trahit un léger accent, Philippe Ramon est âgé de 51, il est marié et père de trois enfants. Le haut-fonctionnaire a installé son service dans les bureaux de la préfecture.

La Creuse ? Philippe Ramon n’a aucun lien avec la Creuse qu’il n’a fréquentée qu’une seule fois : lors d’un exercice au camp de La Courtine lorsqu’il était dans l’Armée de l’air. Carrière. Il a débuté sa carrière dans l’Armée de l’air, comme commissaire (administrateur), avant de passer le concours de la préfectorale. Il a ensuite parcouru les postes de sous-préfet (Arcachon), directeur de cabinet, SGAR adjoint… avant de rejoindre l’administration centrale à Paris. On le retrouve au cabinet de Bruno Le Maire lorsqu’il était ministre de l’Agriculture (2009-2012) en charge de l’aménagement du territoire. Puis deux années au ministère des Finances où il s’est composé un bon bagage sur les arcanes des fonds européens avant de rejoindre, en 2014, les collectivités territoriales dans le Sud comme directeur général des services de l’Agglo de Béziers puis DRH des Bouches-du-Rhône.